Les bases de l’investissement socialement responsable (ISR)

juin

29

Par Moura // in Articles

0 comments

L’investissement socialement responsable (ISR) est une forme d’investissement qui prend en compte non seulement la performance financière, mais aussi les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance des entreprises ou des projets financés. L’objectif de l’ISR est de contribuer au développement durable tout en générant un rendement financier. 

Dans cet article, nous allons vous présenter les bases de l’ISR: sa définition, ses objectifs, ses critères, ses approches et ses modalités. Nous allons également vous montrer comment l’ISR se développe dans le monde et quels sont ses avantages et ses défis.

Sommaire

I. Introduction à l’investissement socialement responsable (ISR)

Définition de l’ISR

L’investissement socialement responsable (ISR) est défini par le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) comme “une démarche d’investissement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable quel que soit leur secteur d’activité. En influençant la gouvernance et le comportement des acteurs, l’ISR favorise une économie responsable.”

L’ISR repose sur le principe que les investisseurs ont une responsabilité sociale et environnementale en tant qu’acteurs économiques, et qu’ils peuvent exercer une influence positive sur les entreprises ou les projets qu’ils financent. L’ISR vise ainsi à orienter les flux financiers vers des activités plus respectueuses des enjeux du développement durable.

Objectifs de l’ISR

L’objectif principal de l’ISR est de concilier performance financière et impact social et environnemental. L’ISR cherche à optimiser le rapport entre le rendement financier et le risque d’un portefeuille d’investissement, tout en tenant compte des conséquences de ses choix sur la société et la planète.

code qr

L’objectif secondaire de l’ISR est d’influencer la gouvernance et le comportement des entreprises ou des projets financés, en les incitant à adopter des pratiques plus responsables sur les plans environnemental, social et de gouvernance. L’ISR peut ainsi contribuer à améliorer la transparence, la qualité et la durabilité de la gestion des entreprises ou des projets.

II. Les critères de l’ISR

Les Critères De L’ISR

Les critères de l’ISR sont les éléments qui permettent d’évaluer la performance sociale et environnementale des entreprises ou des projets financés. Ils sont généralement regroupés en trois catégories: les critères environnementaux, les critères sociaux et les critères de gouvernance.

Critères environnementaux

Les critères environnementaux mesurent l’impact des activités des entreprises ou des projets sur l’environnement naturel. Ils peuvent porter sur:

  • La consommation d’énergie et d’eau
  • Les émissions de gaz à effet de serre
  • La gestion des déchets
  • La préservation de la biodiversité
  • La prévention des risques environnementaux
  • Le développement des énergies renouvelables
  • L’éco-conception des produits ou services

Critères sociaux

Les critères sociaux évaluent la contribution des entreprises ou des projets au bien-être social. Ils peuvent concerner:

  • Le respect des droits humains
  • Les conditions de travail et le dialogue social
  • La santé et la sécurité des employés
  • La diversité et la non-discrimination
  • La formation et le développement des compétences
  • La protection sociale
  • L’insertion sociale
  • La satisfaction des clients
  • Le respect des parties prenantes

Critères de gouvernance

Les critères de gouvernance apprécient la qualité de la gestion des entreprises ou des projets. Ils peuvent toucher à:

  • La structure et le fonctionnement du conseil d’administration
  • L’indépendance et la compétence des administrateurs
  • La rémunération des dirigeants
  • Le contrôle interne et la gestion des risques
  • L’éthique et la déontologie
  • La lutte contre la corruption
  • Le respect des normes juridiques et fiscales
  • Le dialogue avec les actionnaires
  • La responsabilité sociale et environnementale

III. Les différentes approches de l’ISR

Il existe différentes approches pour mettre en œuvre l’ISR, selon le degré d’intégration des critères sociaux et environnementaux dans la sélection et la gestion des investissements. Nous allons présenter ici les trois principales approches: les fonds socialement responsables ou de développement durable, les fonds d’exclusion ou placements éthiques, et l’engagement actionnarial ou activisme actionnarial.

Les fonds socialement responsables ou de développement durable

Les fonds socialement responsables ou de développement durable sont des fonds d’investissement qui intègrent les critères sociaux et environnementaux dans leur processus de sélection et de suivi des entreprises ou des projets financés. Ils cherchent à investir dans des entreprises ou des projets qui présentent une performance financière satisfaisante, mais aussi une performance sociale et environnementale supérieure à la moyenne de leur secteur d’activité. Ils peuvent utiliser différentes méthodes pour évaluer la performance sociale et environnementale, telles que:

Kryll.io

- L’analyse extra-financière: il s’agit d’une analyse qualitative et quantitative des impacts sociaux et environnementaux des entreprises ou des projets, basée sur des sources d’information diverses (rapports annuels, rapports de développement durable, agences de notation extra-financière, etc.).

- Le best-in-class: il s’agit d’une méthode qui consiste à sélectionner les entreprises ou les projets qui affichent la meilleure performance sociale et environnementale dans chaque secteur d’activité, en utilisant des indicateurs clés de performance (KPI) adaptés à chaque domaine.

- Le best-in-universe: il s’agit d’une méthode qui consiste à sélectionner les entreprises ou les projets qui affichent la meilleure performance sociale et environnementale parmi l’ensemble des opportunités d’investissement disponibles, sans se limiter à un secteur d’activité.

Les fonds d’exclusion (également dénommés “placements éthiques”)

Les fonds d’exclusion sont des fonds d’investissement qui excluent de leur portefeuille les entreprises ou les projets qui ne respectent pas certains critères éthiques, moraux ou religieux. Ils cherchent à éviter d’investir dans des activités jugées nuisibles pour la société ou la planète, telles que:

- Les armes

- Le tabac

- L’alcool

- Le jeu

- La pornographie

- L’énergie nucléaire

- Les énergies fossiles

- Les OGM

- La fourrure

- Etc.

Les fonds d’exclusion peuvent utiliser différentes sources pour définir leurs critères d’exclusion, telles que:

- Les conventions internationales: il s’agit de traités ou de pactes signés par les États pour promouvoir le respect des droits humains, le désarmement, la protection de l’environnement, etc. Par exemple, la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, le Pacte mondial des Nations Unies, les Objectifs de développement durable (ODD), etc.

Kryll.io

- Les normes internationales: il s’agit de référentiels élaborés par des organisations internationales pour définir les bonnes pratiques en matière de responsabilité sociale et environnementale. Par exemple, les Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI) des Nations Unies, la norme ISO 26000 sur la responsabilité sociétale des organisations, etc.

- Les valeurs religieuses: il s’agit de principes moraux inspirés par une religion ou une croyance. Par exemple, la finance islamique exclut les activités liées à l’intérêt, à l’incertitude, à la spéculation ou à l’illicite.

L’engagement actionnarial ou activisme actionnarial

L’engagement actionnarial consiste à utiliser son pouvoir d’actionnaire pour influencer les décisions des entreprises dans lesquelles on investit, en vue de les rendre plus responsables sur les plans environnemental, social et de gouvernance. Il peut prendre la forme de dialogue avec les dirigeants, de participation aux assemblées générales, de dépôt de résolutions ou de vote sur les propositions soumises aux actionnaires. L’activisme actionnarial est une forme plus radicale d’engagement, qui vise à provoquer des changements structurels ou stratégiques au sein des entreprises, parfois en menant des campagnes publiques ou en prenant des participations significatives dans leur capital.

IV. Comment investir de manière socialement responsable?

Investir dans des fonds ISR

Une façon simple et accessible d’investir de manière socialement responsable est de choisir des fonds ISR, qui sont des fonds qui intègrent des critères ESG dans leur processus de sélection et de gestion des actifs. Il existe différents types de fonds ISR, selon l’approche adoptée (fonds socialement responsables, fonds d’exclusion, fonds thématiques, etc.). Les fonds ISR peuvent investir dans différentes classes d’actifs (actions, obligations, immobilier, etc.) et couvrir différents secteurs d’activité et zones géographiques.

Achat et vente d’un fonds ISR

L’achat et la vente d’un fonds ISR se font comme pour tout autre fonds. Il suffit de se rendre sur la plateforme de son courtier ou de sa banque en ligne, de rechercher le fonds souhaité par son nom ou son code ISIN (International Securities Identification Number), et de passer un ordre d’achat ou de vente selon le montant désiré. Il faut toutefois être attentif aux frais liés à la transaction (frais d’entrée et de sortie, frais de gestion, etc.) et à la performance du fonds par rapport à son indice de référence.

Labels pour identifier les fonds ISR

Pour aider les investisseurs à reconnaître les fonds ISR qui respectent des normes élevées en matière d’intégration des critères ESG et de transparence, il existe des labels qui certifient la qualité et la crédibilité de ces fonds. En France, le label ISR a été créé en 2016 par le ministère des Finances et est délivré par des organismes indépendants. Il garantit que le fonds poursuit une stratégie d’investissement responsable, qu’il mesure et communique son impact ESG et qu’il respecte les principes du développement durable. D’autres labels existent au niveau européen (comme le label LuxFLAG ESG) ou international (comme le label Morningstar Sustainability Rating).

Investir en direct en actions

Une autre façon d’investir de manière socialement responsable est d’acheter et de vendre des actions de sociétés qui respectent les critères de l’ISR. Cette option nécessite plus de temps et de connaissances que d’investir dans des fonds ISR, car il faut analyser les performances financières et extra-financières des entreprises, ainsi que leur évolution dans le temps. Il faut également être attentif aux risques liés à la volatilité des marchés boursiers et à la diversification du portefeuille.

Bonnes pratiques avant d’investir

Avant d’investir de manière socialement responsable, il est important de se renseigner sur les produits financiers disponibles, leurs caractéristiques, leurs frais et leurs performances. Il faut également définir ses objectifs, son profil de risque et son horizon de placement. Enfin, il faut être conscient que l’investissement socialement responsable n’est pas une garantie de rentabilité ou de sécurité, mais qu’il vise à concilier performance financière et impact positif sur la société et l’environnement.

V. Le développement de l’ISR

L’investissement socialement responsable a connu un essor important ces dernières années, notamment sous l’impulsion des initiatives internationales visant à promouvoir les bonnes pratiques en matière de finance durable. Parmi ces initiatives, on peut citer les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI) des Nations Unies, lancés en 2006.

Les Principes pour l’Investissement Responsable (PRI) des Nations Unies

Les PRI sont un ensemble de six principes volontaires qui visent à encourager les investisseurs à intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs décisions d’investissement et dans leur dialogue avec les entreprises. Les PRI comptent plus de 3000 signataires à travers le monde, représentant plus de 100 000 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Les PRI offrent aux investisseurs un cadre commun pour partager leurs expériences, leurs bonnes pratiques et leurs outils d’analyse ESG. Ils contribuent ainsi à renforcer la transparence et la responsabilité du secteur financier.

VI. Conclusion: les avantages et les défis de l’ISR

L’investissement socialement responsable présente plusieurs avantages pour les investisseurs et pour la société. Il permet de soutenir le développement durable, de réduire les risques liés aux enjeux ESG, et de bénéficier des opportunités offertes par la transition écologique et sociale. Il favorise également une meilleure gouvernance des entreprises et une plus grande implication des parties prenantes.

Toutefois, l’ISR n’est pas sans défis. Il existe encore une diversité d’approches, de méthodes et de labels qui peuvent rendre difficile la comparaison et la sélection des produits financiers ISR. Il existe également un manque d’harmonisation des normes et des réglementations au niveau international, ainsi qu’un besoin d’améliorer la qualité et la fiabilité des données ESG. Enfin, il faut veiller à éviter le greenwashing ou le social washing, c’est-à-dire la communication trompeuse sur les pratiques ou les impacts ESG d’un produit financier ou d’une entreprise.

About the author, Moura

Je suis un journaliste passionné par les nouvelles technologies et les innovations. J'ai une conviction profonde : ces technologies émergentes ont un potentiel immense et pourraient véritablement bouleverser le monde dans un avenir proche. Les opportunités qui s'offrent à nous sont tout simplement stupéfiantes et ne demandent qu'à être explorées.

{"email":"Email address invalid","url":"Website address invalid","required":"Required field missing"}
>